Le 21 septembre, la Coalition d’actions sur les technologies et l’innovation au service de l’égalité entre les femmes et les hommes a marqué la 77e Assemblée générale des Nations unies par un événement de haut niveau visant à inspirer une mobilisation multisectorielle mondiale pour façonner un avenir numérique féministe. L’une des six coalitions d’action du Forum Génération Égalité, ce partenariat novateur et multipartite s’est engagé à tirer parti de la technologie et de l’innovation pour parvenir à l’égalité entre les hommes et les femmes grâce à un cadre de mesures catalytiques, évolutives, et mesurables.
En ouvrant l’événement, Mme Sima Bahous, Directrice exécutive d’ONU Femmes a souligné que « la fracture numérique est devenue le nouveau visage de l’inégalité entre les hommes et les femmes » et a appelé les partenaires à tirer parti de la numérisation comme outil pour faire progresser l’égalité, la justice sociale et l’éradication de la pauvreté. « Plus que jamais, nous devons nous unir pour affirmer et réaffirmer que les droits numériques sont les droits des femmes », a souligné Mme Bahous.
Les discussions ont porté sur les défis socioculturels, réglementaires et liés aux données auxquels sont confrontés les acteurs des secteurs public et privé pour faire avancer les choses dans le domaine de la technologie et du genre. Leurs engagements convaincants s’inscrivent dans la dynamique de ce qui promet d’être une année sans précédent de chances pour ancrer le genre au cœur de l’évolution numérique.
Donner le ton dans le secteur privé
Le rôle diversifié du secteur privé, en tant qu’employeur, investisseur et créateur de produits et de services, offre de nombreuses possibilités de modéliser l’équilibre homme-femme que nous recherchons dans la société, a expliqué Mme İpek Kiraç, membre du conseil d’administration de Koç Holding.
Dans le cadre de leur engagement envers la Coalition d’actions sur les technologies et l’innovation, les entreprises du groupe Koç se sont engagées à augmenter la part minimum de femmes employées dans des rôles liés à la technologie et à l’innovation à au moins 30 % d’ici 2026, et à mener 30 programmes individuels pour atteindre 500 000 femmes et filles (tous groupes d’âge confondus) afin d’améliorer l’accès et la participation au secteur des technologies.
« Il ne s’agit pas d’une course, c’est une question d’unité », a déclaré Mme Kiraç. « Nous nous réunissons avec les entreprises, les gouvernements, les institutions, car l’effet d’un travail mené collectivement a beaucoup plus d’impact que de tenter de régler seul les problématiques. »
Les entreprises technologiques ont le pouvoir unique de tirer parti de leurs écosystèmes pour défier les normes de genre, a expliqué M. Bracken Darrell, PDG de Logitech. Cela a conduit Logitech à cofonder la Coalition for Gender Fair Procurement, par laquelle les entreprises s’engagent à évaluer chacun de leurs fournisseurs sur la base de normes équitables en matière de genre. « L’argument moral en faveur de la diversité est évident et il est tout simplement inexcusable que les entreprises n’en fassent pas une priorité », voilà ce qu’a déclaré M. Darrell.
S’engager dans l’action
Le Dr. Amandeep Singh Gill, envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les technologies, a présenté le travail effectué pour soutenir la mise en œuvre de la feuille de route du Secrétaire général pour la coopération numérique dans le domaine spécifique de l’inclusion numérique, sous la direction des gouvernements du Canada et du Mexique et d’ONU Femmes. Il s’agissait notamment de partager une nouvelle définition de l’inclusion numérique élaborée à l’issue d’une vaste consultation des parties prenantes, ouvrant la voie à un dialogue fondé sur une évaluation commune de ce qu’est l’inégalité numérique.
M. Ville Skinnari, ministre Finlandais de la coopération au développement et du commerce extérieur et Mme Paula Ingabire, ministre rwandaise des TIC et de l’innovation, ont souligné la manière dont leurs engagements en faveur des objectifs de Génération Égalité permettront de réaliser des progrès en matière de transformation.
Le gouvernement rwandais s’efforce de rendre les technologies plus égalitaires, notamment en s’engageant à combler l’écart entre les femmes et les hommes dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, et à faire en sorte que 100 % des ménages dirigés par une femme aient accès à un téléphone portable d’ici 2026. Le gouvernement finlandais s’est concentré en particulier sur l’élimination de la violence sexiste en ligne, en investissant 150 millions d’euros pour s’attaquer aux obstacles à la participation des femmes dans les espaces numériques.
2023 : une année charnière
Mme Anita Bhatia, Directrice exécutive adjointe d’ONU Femmes a souligné les opportunités que l’année prochaine présentait en termes de renforcement de la coopération à l’intersection du genre et du changement technique.
À savoir qu’en mars 2023, le thème prioritaire de la 67e Commission de la condition de la femme portera sur « l’innovation et le changement technologique, et l’éducation à l’ère numérique pour atteindre l’égalité et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles ». Elle sera suivie de la conférence « Women Deliver », qui aura lieu du 17 au 20 juillet 2023 et qui servira de plateforme pour formuler des solutions innovantes et durables aux inégalités omniprésentes de genre. Enfin, tout au long de l’année prochaine, les gouvernements, la société civile et les acteurs du secteur privé commenceront à façonner un Pacte numérique mondial qui visera à « définir des principes communs pour un avenir numérique ouvert, libre et sûr pour tous »
M. Skinnari et Mme Ingabire ont rappelé la nécessité d’un multilatéralisme revitalisé pour mener ces initiatives et ont noté que « beaucoup des choses dont nous discutons aujourd’hui sont des choses que nous aurions dû accomplir dans le passé. »
« Dans le secteur public, nous avons des outils législatifs, nous avons des outils réglementaires, mais ce n’est pas suffisant », a déclaré M. Skinnari. « Il faut avoir une approche systémique, où les femmes et les filles sont impliquées au niveau très local et au plus haut niveau. »
Pour démocratiser pleinement l’espace numérique, il faut reconnaître les vérités gênantes et les réalités invisibles liées aux préjugés sexistes omniprésents et les confronter à des approches innovantes. « Au fur et à mesure que nos ambitions augmentent, nous devons ajuster nos objectifs », a déclaré le Dr Gill, qui dirige les efforts du Pacte mondial pour le numérique. Alors que nous nous approchons de la CSW 67, il a souligné que nous nous assurerons d’avoir une vision convaincante de l’avenir et d’agir ensemble sur la manière dont nous pouvons combler le fossé entre les hommes et les femmes en matière de fracture numérique.
Prendre position
Conscient·e·s des possibilités qui s’offrent à elles et à eux dans l’année à venir, les Champion·ne·s de la coalition d’action ont préparé une déclaration commune pour demander que l’égalité entre les hommes et les femmes soit placée au cœur du Pacte mondial pour le numérique (PMD). Lors de l’annonce de la déclaration, Mme Anita Bhatia a souligné qu’il s’agissait d’un appel à manifestation d’intérêt auquel pouvait se joindre toute organisation ou tout individu désireux de défendre un avenir numérique ouvert, libre et égalitaire, et a invité tous les partisans à valider la déclaration et à rejoindre le mouvement.