Comment vous définissez-vous en tant que militante ?
Je suis une militante de la justice climatique, originaire d’Inde et basée aux Émirats arabes unis, donc des pays du Sud. Je suis défenseure des MAPA (Peuples et zones les plus touchées — Most Affected Peoples and Areas), qui sont les territoires les plus exposés et vulnérables à la crise climatique, c’est-à-dire affectés de manière disproportionnée par des systèmes d’oppression structurels et systémiques qui se recoupent. Pour beaucoup d’entre nous, la justice climatique n’est pas un simple concept, mais une question de vie ou de mort. Il faut donc veiller à ce que les organisations communautaires soient directement reliées aux échelons politiques du processus décisionnel. C’est pourquoi j’ai rejoint la coalition d’Action féministe pour la justice climatique en tant que jeune leader.
Comment avez-vous commencé votre combat pour la justice climatique ? Quel a été le moment de prise de conscience qui vous a poussée à devenir défenseure ?
Beaucoup de militant·e·s disent avoir eu un déclic, mais pas moi. J’étais bien au courant de la crise climatique et j’écrivais déjà sur le sujet. Puis j’ai constaté que les communautés de première ligne touchées par la crise climatique, comme les activistes BIPOC (Noirs, Autochtones et personnes de couleur — Black, indigenous and people of color), n’étaient pas sur l’avant-scène des mouvements ; ce sont les activistes blancs des pays occidentaux qui occupent la part la plus importante des plateformes. J’ai senti qu’il fallait que je fasse quelque chose. En ce moment, je fais mon possible pour rendre les mouvements, les espaces et les plateformes climatiques plus inclusifs et accessibles pour les jeunes, en particulier les jeunes BIPOC.
Parlons de votre rôle en tant que jeune leader de la coalition d’action féministe pour la justice climatique ; comment contribuez-vous à la justice climatique dans le cadre de vos responsabilités ?
J’ai rejoint la coalition d’action dans le cadre du mouvement mondial « Fridays for Future ». Pour nous, le Forum Génération Égalité représentait l’une des plus grandes occasions pour la société civile de contribuer activement aux questions relatives à la crise climatique, à l’égalité entre les femmes et les hommes et entre les générations. En tant que jeune leader, j’ai su saisir toutes les occasions qui s’offraient à moi pour porter les problèmes et les solutions abordées au niveau des organisations communautaires et les diffuser dans les espaces politiques et de prise de décision. La raison étant que tant qu’il y aura un grand écart entre la mise en œuvre et les problématiques abordées, nous ne progresserons pas. Je me suis notamment beaucoup impliquée dans la CSW 66, où j’ai co-rédigé les recommandations mondiales pour la jeunesse. Nous avons porté ces demandes dans des espaces tels que les négociations du Vienna Café, les réunions d’information des ONG, et bien d’autres encore. Et j’ai pu faire tout cela grâce aux ressources et aux plateformes que ma coalition d’action m’a fournies. Je suis donc convaincue que la coalition constitue un excellent espace pour mobiliser une grande population de la société civile et de la jeunesse et qu’elle fait un travail formidable sur le terrain.
Les jeunes leaders des coalitions d’action ont travaillé dur sur les questions de responsabilité, notamment sur le cadre de responsabilité. Pouvez-vous parler de l’importance de responsabiliser les parties prenantes ?
Merci de poser cette question essentielle ! Comme je l’ai mentionné, l’écart entre la mise en œuvre et les politiques élaborées est énorme, et une étape pour combler cet écart passe par la responsabilisation, c’est-à-dire en impliquant les parties prenantes à élaborer des politiques et à prendre des engagements responsables pour faire avancer les choses. Nous avons travaillé fort sur le cadre de responsabilité. Nous voulions nous assurer qu’à mesure que nous avancions, notre système de responsabilité était porté sur l’équité, la décolonisation et la garantie que les voix de la ligne de front étaient amplifiées et renforcées.
Par exemple, si une entreprise du secteur privé rejoint la coalition d’AFJC et prend des engagements, nous voulons nous assurer qu’il ne s’agit pas d’un simple acte performatif. L’entreprise doit être proactive, travailler avec les communautés et veiller à accomplir l’engagement.
Quelles sont les actions et les priorités clés que vous envisagez pour le programme de 5 ans de la coalition d’action d’AFJC ?
Un aspect majeur est le financement. Y a-t-il suffisamment de fonds et de ressources consacrés à la justice climatique, à l’égalité entre les femmes et les hommes et à l’égalité entre les générations ? Nous souhaitons assurer un suivi et une analyse à mesure que nous progressons. Deuxièmement, nous voulons nous assurer qu’il y a une représentation des leaders communautaires dans des espaces tels que la COP, la CSW, Stockholm+50, etc. Dans tous ces espaces, les membres de la coalition d’AFJC se sont engagés à discuter de la justice climatique, de l’égalité entre les femmes et les hommes et entre les générations. Et nous voulons évidemment progresser en faveur de la justice climatique, en veillant à ce que les politiques et les actions émanant des acteurs des secteurs public et privé prennent des mesures en réponse à la crise climatique. J’espère donc que ce sont des choses que nous parviendrons à réaliser à l’avenir.