Pour construire des sociétés capables de résister aux effets du changement climatique, il est nécessaire d’adopter des systèmes de soins durables, estiment les dirigeant·e·s de Global Alliance for Care

 

À l’occasion d’un événement parallèle organisé le 16 mars dans le cadre des 24 heures de Génération Égalité lors de la 66e session de la Commission de la condition de la femme (CSW66), la Global Alliance for Care a réuni ses membres et divers·e·s militant·e·s de Génération Égalité afin de souligner que la lutte contre le changement climatique et la construction de sociétés plus résilientes dépendent de la capacité à développer de systèmes de soins durables.

Le gouvernement mexicain, par l’intermédiaire de son Institut national des femmes (INMUJERES), et ONU Femmes convoquent ensemble l’Alliance, qui a été lancée lors du Forum Génération Égalité comme un qu’engagement collectif de la Coalition d’action pour la justice et les droits économiques.

La Directrice exécutive d’ONU Femmes, Sima Bahous, a souligné l’importance de placer le travail des soins à la personne au cœur d’un plan de relance post COVID-19 sous un prisme féministe et de garantir les soins comme un droit humain.

« Il nous faut adopter une approche intégrale des soins et du changement climatique, en donnant la priorité aux personnes avant les profits, qui étend l’action climatique sensible au genre et qui renforce la résilience aux chocs économiques et environnementaux », voilà ce qu’a déclaré Mme Bahous.

Ensemble, les 55 membres de l’Alliance travaillent dans des domaines clés : le plaidoyer, le multilatéralisme et la coopération internationale, la diffusion des connaissances et la production de données, ainsi que la communication, afin de transformer l’économie des soins de manière à assurer l’autonomisation économique des femmes et des filles.

Le cœur des travaux du Mexique et de l’Alliance mondiale consiste à promouvoir des systèmes de soins durables dont « l’objectif principal consiste à se servir de la crise climatique actuelle et contribuer à la construction de sociétés saines et résilientes », voilà ce qu’a souligné la présidente de l’Institut national des femmes du Mexique, Nadine Gasman, lors de l’ouverture de l’événement organisé par le Mexique, l’Allemagne et ONU Femmes.

La discussion multipartite, animée par Sade Baderinwa, présentatrice de WABC News, a examiné en quoi l’Alliance mondiale dispose de tous les atouts pour jouer un rôle catalyseur en plaidant pour l’inclusion d’une dimension de soins dans toutes les politiques environnementales, sociales et économiques.

Cela devrait permettre non seulement de progresser en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, mais aussi d’assurer la transition indispensable vers une économie verte et durable. La transition vers un travail à faible intensité de carbone reposera par exemple sur une expansion spectaculaire du travail dans le domaine des soins à la personne. Si cette transition est gérée selon une approche fondée sur le genre et les droits de la personne, il peut générer un changement transformateur pour les femmes et la planète.

« Nous devons observer une transformation ; une transformation profonde qui tient pleinement compte des liens entre l’économie, la société et l’environnement. C’est pourquoi nous proposons cette Alliance mondiale pour les soins, afin de placer les femmes et la vie au centre de notre travail », voilà ce qu’a déclaré la cheffe de la division des questions de genre de la Commission économique des Nations unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Ana Güezmes, dans son discours liminaire.

Toutefois, les intervenant·e·s ont tenu à souligner que cette transition écologique ne doit en aucun cas se faire au détriment des prestataires de soins non rémunérés ou sous-payés. L’Alliance continuera à donner la priorité à l’amélioration des normes et des conditions de travail dans le secteur des soins et à la protection des droits fondamentaux des femmes dans ce secteur. Le rôle que les syndicats peuvent jouer pour garantir le respect des droits et des normes ne doit pas être négligé, a rappelé Siobhan Vipond, présidente du Comité des femmes de la CSI et vice-présidente exécutive du Congrès du travail du Canada.

Les intervenant·e·s ont présenté des exemples de politiques et de programmes de soins transformateurs mis en œuvre dans leur secteur. Qu’il s’agisse de la « loi sur la famille » en Italie, de l’« accord sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants » au Canada, de l’initiative Neighbourhood Nannies en Grèce ou de la SEWA Sangini Child Care Workers' Cooperative en Inde, les membres de l’Alliance globale établissent de nouvelles normes pour parler de l’économie des soins à l’échelle nationale et constatent déjà des résultats positifs.

Amar Nijhawan, spécialiste des droits des femmes chez Oxfam, a expliqué comment les jeunes acteurs abordent les problématiques qui se recoupent en matière de soins et d’urgence climatique. « Les jeunes militant·e·s affirment que le travail de soins n’est pas une charge, mais un bien social dans lequel il faut investir et qu’il faut surtout valoriser », a-t-elle déclaré. 

Les membres de l’Alliance mondiale ont réitéré leur engagement à écouter une multitude d’opinions, d’expériences et de demandes diverses afin de faire progresser un agenda féministe sur le cadre des soins qui place ces métiers au centre de l’égalité entre les femmes et les hommes et de l’action climatique.