Voix des champion(ne)s des coalitions d'action: Minister Karina Gould

Cette série éditoriale offre un aperçu des travaux menés par les champion(ne)s des coalitions d'action du Forum Génération Égalité en faveur d'actions incitatives et d'engagements à faire progresser l'égalité entre les hommes et les femmes.

Nom : Mme la Ministre Karina Gould 

Coalition d’action : Mouvements et le leadership féministes

Rôle et organisation : Ministre du Développement international, gouvernement du Canada

Pourquoi le gouvernement canadien a-t-il accepté de jouer un rôle de premier plan dans les Coalitions d’action Génération Égalité ?

En premier lieu, parce que nous reconnaissons toute l’importance de faire entendre les voix des mouvements féministes et des leaders féministes pour faire progresser l’égalité des sexes. Les organisations féministes occupent les lignes de front de leurs communautés, comme nous l’avons vu tout au long de la pandémie de Covid-19. Elles ont apporté leur soutien aux plus pauvres et aux plus vulnérables, en luttant et en militant pour faire en sorte que toutes les personnes tributaires de services, tels que les refuges pour femmes, continuent d’y avoir accès. Ce sont celles et ceux sur le terrain qui font bouger les choses jour après jour, et il nous appartient de les soutenir.

En second lieu, nous souhaitons mettre à profit notre rôle de chef de file pour aider à atténuer les difficultés et les obstacles que nous constatons et qui s’opposent aux mouvements et au leadership féministes. L’un des problèmes majeurs tient au financement. Moins de 1 pour cent du total de l’aide axée sur le genre est consacré à des organisations féministes : ça n’est tout simplement pas suffisant. Un autre problème de taille tient au recul de l’égalité des sexes dans le monde entier. Face à ce constat, le soutien de la société civile et le développement des alliances et de la solidarité entre les pays sont plus impérieux que jamais. Le programme des Coalitions d’action est essentiel pour veiller à ce que nous nous attaquions à ces obstacles et à ce que nous enregistrions des gains et des progrès réels.

Quelles sont les actions qui vous tiennent le plus à cœur pour faire progresser et développer les mouvements féministes ?

Le Canada a investi 300 millions de dollars canadiens dans le Fonds Égalité, qui est un partenariat unique entre la société civile, la communauté philanthropique et le secteur privé, fournissant un financement durable de longue haleine aux droits des femmes et à des organisations féministes partout dans le monde. Nous nous félicitons de l’engagement pris par la Fondation Ford au Fonds Égalité lors du Forum Génération Égalité à Mexico et nous espérons vivement mobiliser d’autres donateurs pour soutenir cet important travail.

Lors du Forum au Mexique, nous nous sommes également engagés à verser 10 millions de dollars canadiens au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Il s’agit là d’un autre excellent moyen de soutenir les initiatives au niveau de la base qui ont un impact tangible dans leur communauté. Toutes ces actions changent le vécu des personnes sur le terrain, en suivant la direction et les orientations des personnes qui y vivent. J’ai hâte de découvrir les projets que les autres pays vont proposer !

Vous avez pris vos fonctions ministérielles en 2019. Qu’est-ce qui vous a incité à assumer des rôles de leadership ?

J’ai eu la chance d’être nommée en 2015 secrétaire parlementaire auprès de la ministre du Développement international de l’époque, Marie-Claude Bibeau. Madame la ministre Bibeau a beaucoup œuvré en faveur de l’égalité des sexes. C’est elle qui a proposé la Politique d’aide internationale féministe du Canada et c’est elle qui a créé le Fonds Égalité et le Programme Voix et Leadership des femmes, programme que j’ai contribué à mettre en avant. En novembre 2019, lorsque le Premier ministre m’a demandé d’assumer ce poste, j’ai été évidemment ravie de pouvoir poursuivre la mise en œuvre de notre travail. J’en étais particulièrement heureuse, non seulement parce que je crois en l’égalité étant moi-même une féministe fière, mais aussi parce que je sais pertinemment que les progrès réalisés en matière d’égalité des sexes ont un effet de ricochet qui se traduit par des progrès pour chacun. La présence de femmes à des postes de leadership et l’accès par les femmes à leur complet éventail de droits ouvrent des horizons de profonde transformation, notamment dans la lutte contre les inégalités mondiales et au profit des familles, des communautés et des sociétés. 

Mon conseil pour les femmes qui aspirent à assumer des postes de direction en politique est le suivant : sachez que vous en êtes capables. Il existe de nombreux obstacles très réels à entrer en politique, qu’ils soient de nature financière ou discriminatoire. Pour autant, à bien des égards les femmes ont été « formatées » pour croire que les rôles de leadership ne sont pas pour elles, or rien n’est moins vrai. Il est important que les voix des femmes et également les voix des jeunes femmes se fassent entendre. C’est à nous de nous mettre en avant, car ce que nous avons à dire compte et est important.

Quelles solutions faut-il soutenir pour refermer le fossé entre femmes et hommes en matière de leadership ?

Les femmes dans toute leur diversité doivent s’imaginer représentées à des postes de leadership. Celles qui parmi nous occupent déjà des postes de leadership doivent réfléchir à l’influence qu’elles peuvent avoir pour ouvrir les portes et les maintenir ouvertes pour que d’autres femmes les suivent. Outre notre représentation renforcée, nous devons créer des environnements qui sont porteurs pour les femmes. Je suis la première femme dans l’histoire du Canada à avoir un bébé tout en occupant un poste de ministre. Lorsque j’ai annoncé ma grossesse au Premier ministre, il m’a répondu qu’on s’arrangerait et qu’on prouverait aux autres femmes que c’est possible. Ce type de leadership de la part de nos alliés masculins crée l’espace et les conditions nécessaires pour permettre aux femmes de réussir.

Pour vous, quel serait le résultat idéal du Forum Génération Égalité ? 

La reconnaissance que l’égalité des sexes relève d’une question interdisciplinaire qui doit être abordée dans tous les aspects de notre vie, de nos économies et des sphères politiques. Elle va de pair avec la reconnaissance du renforcement mutuel du travail de chacune des six Coalitions d’action thématiques. Les engagements pris dans chaque Coalition d’action soutiennent les objectifs des autres et cette approche intégrée est l’élément essentiel porteur du progrès.

Si je pouvais adresser un message aux dirigeants réunis au Forum, ce serait le suivant : il est impératif que nous accompagnions nos paroles et nos engagements d’actions concrètes. C’est une chose de se dire engagés envers l’égalité des sexes, mais c’en est une toute autre que de démontrer concrètement comment nous nous y prendrons pour y parvenir. Le Forum Génération Égalité tient sa singularité au fait qu’il ne s’agit pas seulement d’une conférence de trois jours, c’est un programme de cinq ans qui nous demande de nous engager réellement et de prendre des mesures pour parvenir à l’égalité des sexes. Une chance unique nous est offerte : la moitié du monde compte sur nous, d’où l’importance de parvenir à des résultats !

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